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Synopsis du conte... || Ce conte fait ± 4¼ pages (10247 caractères)
Pays ou culture du conte : Allemagne.

Recueil : Contes de l'enfance et du foyer

KHM 013 - Les trois nains de la forêt (Die Drei Mœnnlein im walde)

Wilhelm et Jacob Grimm (1785-1863)

Il y avait une fois un homme et une femme qui avaient perdu, l’un sa femme, l’autre son mari. Chacun d’eux avait une fille ; les demoiselles se connaissaient, elles se promenaient ensemble et allaient chez la veuve. Celle-ci dit un jour à la fille de l’homme :

— Écoute, dis à ton père que j’ai envie de l’épouser et qu’alors, tous les matins, tu te laveras avec du lait et boiras du vin, au lieu que ma fille se lavera avec de l’eau et boira de l’eau.

La fille s’en fut chez elle et rapporta à son père ce que lui avait dit la femme.

— Que faire ? s’écria l’homme ; le mariage est un plaisir et aussi une peine !

Ne sachant que résoudre, il se débotta et dit à sa fille :

— Tu vois cette botte, elle a un trou à la semelle. Monte au grenier, pends-la au crochet et remplis-la d’eau. Si elle garde l’eau, je me marierai ; si l’eau s’en va, je reste veuf.

La fille obéit à son père, mais l’eau resserra la botte et elle resta pleine jusqu’au bord. À cette nouvelle, le père s’assura par lui-même de la vérité ; puis, il s’en fut chez la veuve, il l’épousa et on célébra la noce.

Le lendemain, au réveil, devant la fille du mari, il y avait du lait pour se laver et du vin pour boire ; devant celle de la femme, de l’eau pour boire et se laver. Le surlendemain, il y eut de l’eau devant la fille du mari aussi bien que devant celle de la femme. Le troisième jour, devant la fille de la femme, il y eut du vin pour boire et du lait pour se laver, et de l’eau devant celle du mari ; et dès lors il en fut toujours de même.

La femme conçut pour sa belle-fille une violente haine, et elle chercha par tous les moyens à la rendre malheureuse. Elle était jalouse de la voir si belle et si gracieuse, tandis que sa propre fille était si laide et si désagréable.

Un jour d’hiver que le froid avait durci la terre et que la neige cachait monts et vallées, la femme fabriqua une robe de papier et fit venir la jeune fille.

— Mets cette robe, lui dit-elle, et va au bois me quérir une corbeille de fraises : j’ai envie d’en manger.
— Dieu puissant ! répondit la jeune fille. Il n’y a point de fraises l’hiver, la terre est gelée et tout est couvert de neige. Comment pourrai-je sortir avec cette robe de papier ? Il fait si grand froid que la bise va la traverser et que les épines me l’arracheront du corps !
— Est-ce que tu ne veux pas m’obéir ? répliqua la mégère. Va-t’en tout de suite et ne reviens qu’avec ton panier plein de fraises.

Elle lui donna alors une miche de pain sec et ajouta :

— Tu pourras la manger tantôt.

Et cependant elle se disait : Elle mourra dehors de froid et de faim, et je serai débarrassée d’elle à tout jamais.

La jeune fille se résigna. Elle revêtit la robe de papier et s’en fut, son petit panier au bras.

Il y avait partout de la neige et pas un brin d’herbe. Quand la malheureuse entra dans la forêt, elle aperçut une maisonnette où trois nains la regardaient venir. Après leur avoir dit bonjour, elle heurta à la porte. On l’invita à entrer et elle alla s’asseoir près du poêle, sur un banc, pour se réchauffer et manger son pain.

— Donne-nous-en un peu, lui dirent les nains.
— Je le veux bien, répondit-elle.

Elle fit deux parts de son pain et leur en donna une. Ils lui demandèrent :

— Que cherches-tu par un froid pareil ici, dans le bois, avec ta robe de papier ?
— Hélas ! dit-elle, il faut que je cueille une corbeille de fraises, et je ne puis sans cela rentrer au logis.

Quand elle eut fini de déjeuner, ils lui mirent un balai en main et lui dirent :

— Balaye la neige derrière la porte.

Et quand elle fut dehors, les petits nains se dirent entre eux :

— Que ferons-nous bien pour elle qui est si aimable et si bonne, et qui nous a donné une part de son pain ? 

Alors le premier dit :

— Je lui donne pour don de devenir tous les jours plus belle.

Le second dit :

— Je lui donne pour don qu’à chaque parole qu’elle dira, il lui sorte une pièce d’or de la bouche.

Le troisième dit :

— Je lui donne pour don d’être recherchée en mariage par un roi.

La jeune fille balaya la neige derrière la porte de la petite maison et y trouva de superbes fraises bien rouges et bien mûres. Toute joyeuse, elle en cueillit un plein panier, remercia les nains, leur dit adieu et courut porter les fraises à sa belle-mère.

Elle entra et dit : « Bonsoir ! » Soudain une pièce d’or lui tomba de la bouche. Alors elle raconta ce qui lui était advenu dans la forêt ; à chaque mot qu’elle prononçait, des pièces d’or lui tombaient de la bouche, et bientôt le plancher de la chambre en fut tout couvert.

— Voyez donc, dit la belle-sœur, cette insouciante qui jette ainsi l’argent à terre.

Au fond elle lui portait envie et ne cessait de supplier sa mère qu’elle l’envoyât à son tour dans la forêt. Celle-ci refusait en disant :

— Non, chère petite, il fait trop froid ; tu attraperais un rhume, 

Pourtant, comme sa fille revenait toujours à la charge, elle finit par consentir. Elle lui fit faire une robe fourrée et lui donna des tartines et du gâteau.

La fille s’en fut au bois et marcha droit à la maisonnette. Les nains la regardèrent venir comme sa sœur. Elle entra dans la chambre sans les saluer, s’assit près du poêle et commença de manger ses tartines et son gâteau.

— Donne-nous-en un peu, dirent les petits hommes.

Elle répondit :

— C’est à peine si j’en ai assez pour moi ; comment pourrais-je en donner aux autres ?

Lorsqu’elle eut fini de déjeuner, ils lui dirent :

— Prends ce balai et balaye derrière la porte.
— Ah ! dit-elle, balayez vous-mêmes ; je ne suis pas votre servante.

Comme elle vit qu’ils ne se disposaient point à lui faire un cadeau, elle sortit. Alors les nains tinrent conseil.

— Que lui donnerons-nous, dirent-ils, pour sa méchanceté et le mauvais cœur qu’elle nous a montré ?

Le premier dit :

— Je lui donne pour don de devenir tous les jours plus laide.

Le second dit : 

— Je lui donne pour don qu’à chaque parole qu’elle dira il lui sorte un crapaud de la bouche.

Le troisième dit :

— Je lui donne pour don qu’elle périra d’une mort horrible.

La méchante fille chercha des fraises ; mais elle n’en trouva point et s’en retourna furieuse au logis.

Quand elle ouvrit la bouche pour raconter sa mésaventure, à chaque parole, il en sortit un crapaud, de sorte qu’elle devint pour tout le monde un objet de dégoût.

Dès lors, la marâtre s’aigrit encore davantage et ne pensa plus qu’à tourmenter la fille de son mari, qui embellissait tous les jours. Elle finit par prendre un chaudron, le mit sur le feu et y fit bouillir du lin.

Lorsque ce lin fut cuit, elle commanda à la malheureuse enfant de le rouir et de le macquer, et lui donna une hache pour fendre la glace de la rivière.

La pauvre fille partit. Elle fit un trou dans la glace et commença à travailler. Elle vit venir alors un superbe carrosse où était le roi. Le carrosse s’arrêta.

— Qui es-tu, mon enfant, et que fais-tu là ?
— Je suis une pauvre fille et je rouis du lin. Le roi fut touché en la voyant si belle.
— Veux-tu, dit-il, venir avec moi ?
— Oui, très-volontiers, répondit-elle, car elle ne demandait qu’à s’enfuir loin de sa mère et de sa sœur.

Elle monta donc tout de suite dans le carrosse royal, et, quand on fut arrivé au château, ainsi que les petits hommes l’avaient promis, on célébra les noces en grande pompe.

Au bout d’un an la reine accoucha d’un garçon. Sa belle-mère apprit son bonheur et vint avec sa fille sous prétexte de lui faire une visite.

Lorsque le roi fut sorti et qu’elles se virent sans témoins, la mégère et sa fille prirent la reine, celle-ci par la tête, celle-là par les pieds, et la jetèrent dans la rivière.

La mère ensuite mit sa fille dans le lit et lui couvrit le visage. À son retour le roi voulut causer avec sa femme, mais la vieille lui cria :

— Chut ! Ce n’est pas le moment : elle a la fièvre ; il faut la laisser en paix.

Le roi n’eut aucun soupçon et ne revint que le lendemain matin. Quand il s’adressa à sa femme et qu’elle ne put se dispenser de répondre, il vit qu’à chaque parole un crapaud lui sortait de la bouche, comme autrefois il en sortait une pièce d’or.

Il demanda ce que cela voulait dire ; la vieille lui répondit que cela provenait de l’indisposition de la reine et ne devait pas durer. Or, la nuit, le garçon de cuisine vit paraître un canard qui lui dit ces paroles : 

— Roi, que fais-tu ! Dors-tu ou veilles-tu ?

Comme on ne lui répondait pas, le canard continua :

— Que font mes hôtes !

Le garçon répondit :

— Ils dorment bien.

Le canard reprit :

— Que fait mon petit enfant ?

Le garçon répondit :

— Il dort dans son petit berceau.

Le canard prit alors la forme de la reine, alla jusqu’au berceau de l’enfant, lui donna à boire, arrangea sa couchette, le couvrit soigneusement et reprit pour s’en retourner sa figure de canard.

La reine revint les deux nuits suivantes ; la troisième, elle dit au garçon de cuisine :

— Va et dis au roi qu’il saisisse son épée et que par trois fois il la fasse tourner sur le seuil, au-dessus de ma tête.

Le garçon courut prévenir le monarque. Celui-ci prit son épée et il la fit tourner trois fois au-dessus du fantôme. À la troisième, il vit devant lui sa femme fraîche, vivante et belle comme autrefois.

Le roi enchanté cacha la reine jusqu’au jour où l’on baptisa son fils. Le baptême terminé, il demanda à la vieille :

— Que doit-on faire à une femme qui en arrache une autre de son lit et qui la jette à l’eau ?
— Voici, dit la vieille, le supplice que mérite la scélérate : il faut l’enfermer, dans un tonneau garni de clous à l’intérieur, et la laisser rouler du haut d’une montagne jusqu’à la rivière.

Le roi envoya quérir un tonneau ainsi préparé et y fit enfermer la vieille et sa fille ; après quoi on replaça le couvercle et on laissa le tonneau rouler du haut de la montagne jusqu’à la rivière.

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- FIN -

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