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Synopsis du conte... || Ce conte fait ± 6¾ pages (19983 caractères)
Pays ou culture du conte : France.

Recueil : Contes à mes petites amies

Le château de Chenonceaux ou Les portraits historiques

Jean-Nicolas Bouilly (1763-1842)

De toutes les belles habitations qu’on remarque dans la Touraine, et qui nous offrent des souvenirs attachants, il n’en est point de comparable au château de Chenonceaux. Qu’on se figure un vaste bâtiment tout à la fois gothique et moderne, s’élevant sur un pont construit au-dessus du Cher ! qu’on se représente une salle de bains et des offices pratiqués dans les piles qui séparent les arches, une bibliothèque et un salon, sous le parquet desquels passent les nombreux bateaux allant à dix lieues de là se jeter dans la Loire ! En un mot, qu’on invente dans son imagination tout ce que la nature et la féerie même pourraient former de plus ravissant, de plus romantique, de plus varié dans ses détails ; ce rêve enchanteur est, pour ainsi dire, réalisé dans ce lieu de délices qu’ont chanté tour à tour les poètes les plus célèbres, que citent dans leurs écrits un grand nombre d’historiens, et que chaque jour encore retracent sous leurs pinceaux les peintres avides de la belle nature. 

Qu’on ajoute à ce prestige irrésistible celui non moins puissant des grands noms que rappelle cette ancienne demeure des rois, et qu’on se dise : « C’était là que François Ier s’entretenait avec Bayard du bonheur et de la gloire de la France... C’était dans ce parloir que le monarque ami des lettres recevait dans son intimité Ronsard et Clément Marot... Ce fut sous ces ombrages que Marie Stuart et Anne de Boulen, alors brillantes de jeunesse et de beauté, promenèrent leurs tristes rêveries... C’est dans ce mystérieux oratoire qu’a prié tant de fois Claude de France, fille de Louis XII. Les voilà, ces souterrains où, lors de la conjuration d’Amboise, Diane de Poitiers déroba l’élite des chevaliers français à la rage de Catherine de Médicis... Enfin, c’est sur ces belles rives du Cher que Delille écrivit des fragments de son poème des Jardins ; Thomas, quelques-uns de ses éloges historiques ; Barthélemy, l’introduction de son Anacharsis ; etc. » 

Aussi n’est-il aucun habitant de la Touraine qui n’aille saluer ce monument de tant de célébrités ; n’est-il aucun étranger qui ne s’empresse d’aller y chercher de nobles inspirations. Ce qui surtout augmenta, pendant longtemps, le nombre des visiteurs de ce beau séjour, c’était l’accueil qu’on y recevait de la femme si distinguée à laquelle il appartenait. Madame Dupin semblait être la légataire de Diane de Poitiers ; elle savait répandre à Chenonceaux tout ce que la grâce, l’esprit et la bonté ont de touchant, de brillant et d’enchanteur. Elle y attirait les personnes qui s’étaient fait un grand nom dans les lettres, dans les arts, et celles qui honoraient le plus la France par leurs hauts faits d’armes et la gloire de leurs ancêtres. Elle y faisait, pour ainsi dire, revivre cette brillante cour de François Ier, dont on retrouve encore à chaque pas les traces, les chiffres et les armes. On se croyait reporté au commencement du seizième siècle. Jamais le beau jardin de la France, qui donna le jour à tant de femmes célèbres, n’en posséda de plus aimable et de plus digne d’éloges que madame Dupin. J’étais jeune encore lorsque j’eus l’honneur de lui être présenté ; et le charme de son regard, le son de sa voix pénétrante, la grâce répandue dans toute sa personne, sont restés dans mon souvenir. Elle me donna de son sexe une idée qui m’éblouit, remplit mon coeur d’un sentiment profond ; et peut-être suis-je redevable à cette première impression de l’attachement respectueux, inaltérable, que j’ai voué aux femmes, à qui je dois mes succès les plus flatteurs. 

Cet hommage, qu’il m’est si doux de pouvoir rendre à la mémoire d’une personne longtemps l’ornement de ma belle patrie, me conduit naturellement à celui que mérite aujourd’hui la femme qui lui succède, et dont la gracieuse urbanité accueille indistinctement tous les étrangers qui vont visiter Chenonceaux. 

Pour donner plus de charme encore à tous les souvenirs qu’offre ce lieu ravissant, madame la comtesse de V***, dont le goût égale l’instruction, s’est occupée à réunir, dans une grande salle du château, les portraits des personnages les plus marquants sous le règne de François Ier. Cette galerie historique, classée avec le plus grand soin, produit un effet magique dans ce même endroit où le Père des lettres éprouvait chaque jour qu’elles étaient un des plus beaux fleurons de sa couronne. Il semble, en effet, qu’à l’aspect de ces images fidèles de ces célébrités du temps, on soit admis à la cour du vainqueur de Marignan, et qu’on participe aux plaisirs, à l’éclat dont il environnait son trône personnages les plus marquants sous le règne de François Ier.

Mais, pour être admis dans ce muséum du seizième siècle, il faut écrire son nom, son pays et sa profession sur un registre que présente le concierge ; et c’est après qu’ils ont été communiqués à la dame du château qu’on est reçu dans les appartements. Un beau jour du mois de mai, époque où la nature est revêtue de toute sa parure, plusieurs voitures entrèrent dans l’avenue plantée d’arbres antiques, et bientôt une trentaine d’étrangers, dont l’extérieur annonçait l’opulence et même un rang élevé, furent introduits dans la salle d’armes du rez-de-chaussée, de là dans la chapelle, parfaitement conservée, et enfin dans l’immense galerie qui traverse le Cher, et sur les murs de laquelle sont un grand nombre d’inscriptions en différentes langues. Le concierge, suivant l’usage, fait écrire à chaque individu les indices exigés, qu’il va mettre sous les yeux de la comtesse. Celle-ci, voyant les noms des plus honorables familles des environs, entre autres celui d’un lieutenant-général des armées, qu’accompagnaient ses deux filles, renvoie le concierge inviter les personnes qui visitaient la galerie à passer dans le salon bleu, dont les draperies sont ornées du chiffre de François Ier, dans lequel sont réunis les portraits des plus illustres contemporains du monarque. 

Parmi les visiteurs qui lisaient avec intérêt et curiosité les inscriptions tracées dans la galerie, étaient plusieurs habitants de la petite ville de Bléré, située à une lieue de Chenonceaux. Toujours bien reçus par la comtesse, ils avaient amené deux jeunes filles, modestement vêtues, et dont l’extérieur annonçait une honnête obscurité. Elles prenaient au crayon des notes, et semblaient recueillir quelques renseignements historiques. Elles avaient signé sur le registre : Cécile et Suzanne de La Tour, filles de militaire et natives de Nancy. Le général et ses enfants avaient passé plusieurs fois devant elles sans les remarquer. Leur extérieur était si mince, et leurs yeux baissés, leur maintien gêné, timide, annonçaient qu’elles avaient si peu d’usage !... Elles suivirent toutefois les visiteurs, et furent admises dans le salon bleu, qu’elles n’étaient pas moins impatientes que les autres de connaître et d’étudier. Humblement retirées dans un coin, et restant debout, elles contemplaient avec un intérêt dévorant les portraits offerts à leurs regards, et prêtaient une oreille attentive à tout ce que disaient les différentes personnes admises comme elles dans ce riche salon. Elles ne tardèrent pas à s’apercevoir que les deux filles du général parlaient avec prétention sur les personnages les plus célèbres composant cette imposante réunion, et qu’elles affectaient d’étaler un grand savoir. Plus d’une fois même, en parlant avec une volubilité qui prouvait combien elles étaient peu versées dans la science de l’histoire, elles portaient sur Cécile et Suzanne un regard qui semblait dire : « Pauvres petites, vous ne pouvez pas nous comprendre, et tout votre mérite se borne sans doute au travail de l’aiguille. » Les deux jeunes soeurs baissaient alors leurs grands yeux observateurs, et leur rougeur confirmait, en apparence, tout ce que pensaient d’elles les deux demoiselles si vaines de leur érudition. 

Mais quelques anachronismes qui échappèrent à celles-ci, quelques erreurs sur le caractère et les hauts faits des grands personnages contemporains de François Ier amenèrent une scène très remarquable, et prouvèrent que l’on s’expose à d’étranges déconvenues lorsqu’on a la manie de citer à tort et à travers, et de montrer son savoir, le vrai mérite s’enveloppant toujours du voile de la modestie. 

Un des portraits les plus remarquables était celui de François Ier, par Le Titien. À cette belle figure franche, ouverte, à ce sourire gracieux, chacun avoue que la couronne de France ne fut jamais posée sur une plus belle tête. Celui-ci prétend que Louis XII ne pouvait avoir un plus digne successeur ; celui-là, moins instruit en chronologie, s’imagine que François était le fils du Père du peuple : aussitôt la fille aînée du général redresse cette erreur en soutenant qu’il était fils de Charles d’Orléans, comte d’Angoulême ; et que, lors des États tenus à Tours, il avait été fiancé avec la fille de Louis XII, nommée... « Claude de France, fille d’Anne de Bretagne », dit en baissant les yeux, et comme malgré elle, Suzanne de La Tour, sur laquelle tous les regards se portèrent. Parmi les portraits de femmes était celui de cette belle Valentine de Milan qui mourut de douleur sur la tombe de son mari. « On dirait, à la voir, s’écria la fille cadette du général, qu’elle prononce encore ces mots si touchants : “Plus rien ne m’est ; rien ne m’est plus.” – Son petit-fils, ajoute la soeur aînée, était loin de s’attendre à monter sur le trône, car entre elle et lui, c’est-à-dire depuis Charles VI jusqu’à son règne, il y a eu, je crois... trois rois de France. – Quatre, si je ne me trompe, Mademoiselle : Charles VII, Louis XI, Charles VIII et Louis XII, dit Cécile de La Tour. – Vous avez raison, Mademoiselle », reprend la savante prétentieuse, en rougissant de son erreur. Enfin tous les yeux s’arrêtèrent sur deux grands portraits en pied, placés l’un à côté de l’autre, et qui faisaient éprouver aux spectateurs des sentiments divers. L’un représentait le chevalier Bayard, sans reproche et sans peur ; et l’autre, le connétable de Bourbon, qui avait trahi son roi pour servir Charles-Quint, dont il désirait épouser la soeur. « Quel contraste ! disait-on : là tout ce que l’héroïsme et la fidélité peuvent inspirer de vénération ; ici tous les remords de l’ambition déçue. – N’est-ce pas à la bataille de Marignan, dit la fille aînée du général, que fut tué Bayard ? – Non, ma chère, lui répond sa soeur, c’est au siège de Pampelune. – Ce fut, je crois, en Italie, reprend avec timidité Suzanne de La Tour. – Oui, sans doute, ajoute Cécile ; ce fut à la retraite de Romaguagno qu’il tomba d’un coup de mousquet, et qu’en baisant la croix de son épée il demanda qu’on le mît sous un arbre, le visage tourné vers l’ennemi : parce que, dit-il, ne lui ayant jamais tourné le dos, il ne voulait pas commencer à ses derniers moments. – Ce fut alors, reprit Suzanne, que se présenta devant lui le connétable de Bourbon, lui témoignant combien il le plaignait. “Ce n’est pas moi qu’il faut plaindre, reprit Bayard, mais vous qui portez les armes contre votre roi, votre patrie et votre serment.” Ce furent les dernières paroles de ce grand homme. » 

Tous les assistants, et principalement les filles du général, ne purent s’empêcher de témoigner leur admiration pour deux jeunes personnes qui cachaient tant de savoir sous un extérieur si modeste, et s’exprimaient surtout avec tant de facilité. Mais l’étonnement fut au comble lorsque Cécile et Suzanne, excitées par les nombreuses questions qu’on leur adressait, et, pour ainsi dire, forcées à laisser paraître leur instruction, prouvèrent qu’elles étaient versées non seulement dans l’histoire de leur pays, mais dans celle de toutes les puissances étrangères. Parcourant donc la nombreuse galerie des portraits qu’elles avaient sous les yeux, elles firent tour à tour l’éloge historique du pape Léon X, surnommé le Père des Muses, d’Emmanuel, dont le règne fut appelé le Siècle d’or du Portugal, de Gustave Vasa, qui, après avoir conquis son royaume à la pointe de l’épée, affermit la puissance de la Suède. Variant ensuite leurs couleurs, elles peignirent fidèlement ce Charles-Quint, basant sa puissance sur la ruse de Henri VIII, dont le fanatisme, l’orgueil et les cruautés firent le malheur et la honte de l’Angleterre ; ce Christian II, surnommé le Tyran du Nord, qui, chassé par ses sujets, termina ses jours odieux dans les fers. Passant ensuite à des noms chers aux lettres, aux arts, à la magistrature, elles analysèrent avec autant de fidélité que de charme la gloire immortelle de Copernic, de Thomas Morus, de Raphaël, et des plus grands hommes contemporains de François Ier. On remarquait surtout la vive impression qui se peignait sur la figure des deux soeurs lorsqu’elles parlaient des guerriers morts pour leur pays. Se regardant alors, les yeux mouillés de larmes et se serrant la main, elles laissaient percer sur leurs traits une noble fierté, et semblaient se résigner aux coups du sort. « Eh ! qui donc êtes-vous, Mesdemoiselles ? leur demande le général, vivement touché de tout ce qu’il venait d’entendre. – Les filles d’un militaire, répond l’aînée, qui ne nous a laissé en mourant qu’un peu de gloire acquise au champ d’honneur, et l’instruction qu’il nous donna lui-même ; il fut seul notre instituteur. – Et dans quel corps servait votre digne père ? – Dans l’artillerie légère, répond Suzanne en soupirant. – Quel grade avait-il ? – Il était capitaine. – Et son nom ? – De La Tour. – De la Tour !... Il avait le poignet gauche fracassé par un éclat d’obus ? – Précisément. – Cinq coups de sabre sur la tête ? – Dont un surtout lui avait fendu le visage depuis le front jusqu’au menton. – Il le reçut en me sauvant la vie, s’écrie le général. Chers et nobles enfants de mon libérateur, que je rends grâce au ciel de pouvoir vous connaître et vous presser dans mes bras !... Oui, je commandais l’artillerie au combat donné sous les murs de La Fère : dans une sortie que je fis pour conserver la place, je fus environnée d’un escadron hongrois, et j’allais succomber au nombre ; tout à coup l’intrépide La Tour perce les rangs ennemis à la tête de sa compagnie, me délivre ; je le perds de vue dans la mêlée, je prends des informations, et l’on m’assure qu’il est resté sur le champ de bataille. – Il fut en effet laissé mort pendant cinq heures, dit Cécile ; mais, reprenant ses sens et profitant de l’obscurité de la nuit, il gagna, non sans effort, une chaumière où de pauvres agriculteurs l’accueillirent avec empressement, ranimèrent ses forces épuisées, se réduisirent à coucher sur la dure afin de lui procurer un lit commode ; firent, du peu de linge qu’ils avaient, des bandelettes et des compresses pour panser ses blessures ; et, au bout de six semaines, notre malheureux père vint nous rejoindre à Nancy. Là, réduit à la pension la plus modique, et venant de perdre notre excellente mère, que le bruit de sa mort avait conduite au tombeau, il fit ressource de ses talents. Il donna des leçons de mathématiques et de fortification : estimé, chéri de tous les habitants de la ville, il était parvenu à se faire un état honorable, indépendant. Ma soeur et moi, quoique bien jeunes encore, nous vaquions aux soins du ménage. Le travail et l’économie nous avaient procuré quelque aisance, et notre excellent père ne négligea rien alors pour nous donner une éducation qui pût nous mettre à l’abri des rigueurs du sort. Tout prospérait autour de nous, tout souriait à notre espérance, lorsqu’une blessure, que le capitaine avait reçue à la poitrine, se rouvrit tout à coup et nous priva du seul appui qui nous restait sur la terre. – Il vous en reste un dans celui à qui votre père sauva la vie, reprend le général avec cet élan d’une âme franche et généreuse. J’avais deux filles ! eh bien ! maintenant, j’en ai quatre. Venez à la terre que je possède sur les bords de la Loire : vous serez les institutrices de vos nouvelles soeurs, car vous en savez bien plus qu’elles, et vous achèverez de leur prouver que le savoir et le vrai mérite n’ont jamais plus d’éclat que sous les dehors de la modestie. Venez, charmantes créatures, je vous adopte, et ce jour devient un des plus heureux de ma vie. – Et de la nôtre », ajoutent les filles du général, en serrant affectueusement la main de Cécile et de Suzanne. Mais celle-ci, désignant une vieille femme pâle qui paraissait tremblante de frayeur qu’elles n’acceptassent, répondirent qu’elles ne quitteraient jamais leur tante, chez laquelle elles étaient venues se réfugier à la mort du capitaine : « Nous sommes pénétrées de reconnaissance, dit Suzanne, de l’offre et de l’honneur que vous daignez nous faire ; mais nous ne pouvons nous séparer de notre mère adoptive, qui, depuis deux ans, partage avec nous le peu qu’elle possède. – Nous commençons, dit à son tour Cécile, à mettre à profit les leçons que nous donna notre père : déjà les principaux habitants de la petite ville de Bléré nous confient la première éducation de leurs filles ; encore quelque temps, et nous formerons une institution qui peut-être nous méritera l’estime publique, nous procurera ce que nous a tant recommandé celui que nous pleurons, le bonheur de n’appartenir qu’à soi, de ne devoir qu’à son travail une honnête existence... Nous nous en rapportons à vous, général : pouvons-nous oublier ce qu’en mourant nous ordonna celui qui eut l’honneur de s’exposer pour vous ; et, lorsque déjà tout sourit à nos efforts, ne serait-ce pas troubler sa cendre et manquer de respect à sa mémoire que d’oublier ses dernières paroles ? – Vous avez raison, répondit le général en attachant sur les deux orphelines des regards pleins d’admiration ; oui, vous devez rester dignes du brave qui vous fit naître ; poursuivez donc votre carrière, qui, après tout, a ses jouissances. Croyez que je porterai à votre établissement tout l’intérêt que vous méritez... Mais, si je suis privé du bonheur inexprimable de vous posséder au château que j’habite, j’espère que vous ne refuserez pas de venir quelquefois visiter celui que secourut si vaillamment votre digne père. » Cécile et Suzanne promirent de répondre à ces vives instances, et s’en montrèrent dignes : elles allèrent à la terre du général, où toujours on les recevait avec distinction, quels que fussent leurs vêtements. Les filles du général les accueillaient comme des soeurs, et gagnèrent beaucoup à cette intimité. Non seulement elles acquirent encore plus d’instruction, et se perfectionnèrent dans la science chronologique ; mais elles furent guéries pour jamais de cette insupportable habitude de citer à tout moment tel ou tel grand écrivain, de cette ridicule manie d’étaler ce qu’on sait, et bien souvent ce que l’on croit savoir. Elles conservèrent dans le monde cette modeste retenue qui donne le droit d’observer sans paraître, de profiter de tout sans rien hasarder de ce qu’on possède, cette modestie enfin qui préserve de ce pédantisme assommant, fléau de la société, et dont une seule erreur et la moindre méprise font rire à nos dépens ceux-là mêmes que nous voulions humilier. 

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- FIN -

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