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Synopsis du conte... || Ce conte fait ± 1½ page (4781 caractères)
Pays ou culture du conte : Allemagne.

Recueil : Contes de l'enfance et du foyer

KHM 028 : L'Os chanteur (Der singende Knochen)

Wilhelm et Jacob Grimm (1785-1863)

Il était une fois un pays où régnait la désolation, parce qu'un sanglier ravageait tous les champs, tuait les bestiaux et blessait les paysans avec ses défenses. Le roi avait promis une forte récompense à qui délivrerait la contrée de ce fléau; mais l'animal était si grand et si fort, que personne n'osait se risquer vers le lieu de son réfuge. A la fin, le roi fit savoir que celui qui parviendrait à se rendre maître de cette bête nuisible, ou à la ruer, obtiendrait la main de sa fille.

Dans ce pays vivaient deux frères, qui résolurent de tenter l'entreprise. L'aîné , rusé et adroit, s'y décida par orgueil; le cadet, qui était généreux et naïf, par bonté de cœur. Le roi leur dit:

— Pour être plus sûrs de rencontrer l'animal, vous ferez bieu de partir chacun d'un point opposé.

Ils suivirent son avis. L'aîné partit du couchant, et le cadet, du levant.

Celui-ci avait à peine fait quelques centaines de pas, qu'il vit venir à lui un petit homme tenant dans la main une lance toute noire.

— Je te donne cette lance, lui dit l'inconnu, parce que ton cœur est innocent et bon; avec cette arme, tu peux aller sans crainte au-devant du sanglier; il ne te fera aucun mal.

Le jeune compagnon remercia le petit homme, mit la lance sur son épaule, et s'avança d'un pas intrépide. Il ne tarda pas à apercevoir le féroce animal qui accourait vers lui; mais, sans se troubler, il se mit en arrêt avec sa lance, et la bête furieuse vint s'y heurter avec une telle force, que la pointe lui traversa le cœur. Alors le jeune homme plaça sa victime sur ses épaules, et prit le chemin du château, dans l'intention d'aller montrer au roi son trophée.

Quand il arriva à l'autre extrémité du bois, il aperçut une auberge où bon nombre de joyeux compagnons étaient en train de danser et de boire. Son frère faisait partie de la bruyante assemblée, car il s'était dit:

— Puisque je ne dois pas craindre que le sanglier s'échappe, je vais commencer par demander du courage aux bouteilles. A la vue de son jeune frère, qui arrivait avec sa proie, un sentiment d'envie s'éveilla dans son méchant cœur.
— En ce un moment, cher frère, lui cria-t-il, et qu'un verre de vin te rafraîchisse.

Le jeune frère, qui ne soupçonnait aucune arrière pensée perfide, franchit le seuil de la maison, et raconta à son aîné sa rencontre avec le bon petit homme qui lui avait donné une lance, dans laquelle le sanglier s'était enferré. Son méchant frère le retint dans l'auberge jusqu'au soir, et. ce fut alors seulement qu'ils partirent ensemble.

Il était nuit lorsqu'ils arrivèrent auprès d'un petit pont jeté sur un ruisseau; l'aîné eut soin de laisser passer son frère le premier, et à peine celui-ci fut-il arrivé au milieu du pont, que son méchant compagnon lui donna un coup et le fit tomber mort au milieu de l'eau. Il l'enterra sans retard au-dessous du pont, prit le sanglier et le porta au roi, en disant qu'il l'avait tué; sur quoi, le roi lui donna la main de sa fille.

Cependant on commença à s'étonner de ne point voir revenir le jeune frère; son aîné répondit que sans doute le sanglier avait mis son corps en lambeaux, et chacun le crut.

Mais rien ne peut demeurer caché à l'œil de Dieu; cette cruelle action devait finir par être découverte. Bien des années après, un berger, qui faisait passer ses brebis sur le pont, aperçut en bas, dans le sable, un petit os blanc comme la neige.

— Cela fera une bonne embouchure pour mon cornet, pensa-t-il.

Il descendit donc, ramassa le petit os dans lequel il tailla une embouchure pour son instrument. La première fois qu'il essaya d'y souffler, le petit os se mit à chanter tout à coup, au grand étonnemement du berger:

Hélas! mon bon berger,
Tu souffles dans mon petit os.
Mon frère m'a tué,
Puis il m'a enterré sous ce pont,
Pour m'enlever le sanglier sauvage .
En échange duquel le roi avait promis sa fille.

— Le merveilleux cornet que j'ai là! se dit le berger; il faut que j'aille le porter à notre seigneur le roi.

Il ne fut pas plutôt en présence du roi, que le cornet se mit à chanter de nouveau la chanson que vous avez déjà entendue.

Le roi comprit l'affreux mystère; il fit creuser sous le pont, et l'on y trouva le squelette entier du malheureux jeune homme.

Le méchant frère ne put pas nier plus longtemps son crime. On le fit coudre dans un sac et on le jeta ainsi tout vivant dans le ruisseau, où il ne tarda pas à être suffoqué.

Quant aux restes de son pauvre et innocent frère, on les porta dans l'église, et ils reposèrent désormais dans un beau tombeau.


Traduction tirée de Contes de la famille par des frères Grimm, traduit de l'Allemand par N. Martin et Pitre-Chevalier).

* Ce conte est dans le domaine public au Canada, mais il se peut qu'il soit encore soumis aux droits d'auteurs dans certains pays ; l'utilisation que vous en faites est sous votre responsabilité. Dans le doute ? Consultez la fiche des auteurs pour connaître les dates de (naissance-décès).

- FIN -

Biographie et autres contes de Wilhelm et Jacob Grimm.

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