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Le baron de Brevanne, savant naturaliste et membre de plusieurs académies, partageait son temps et ses affections entre l’étude et les soins qu’il donnait à Léontine, sa fille unique, dont il dirigeait l’éducation. Malheureusement, tout ce que faisait cet excellent père était détruit par madame de Brevanne, qui se moquait de la science et ne concevait pas comment on pouvait tenir un livre en main dix minutes sans dormir, fût-ce le Journal des Modes ou même un roman de Walter Scott. C’était une de ces grosses rieuses de profession, qui ne songent qu’à bien vivre, à s’amuser, et à couler la vie sans calcul pour le présent comme sans prévoyance pour l’avenir. Elle avait apporté beaucoup de fortune au baron, et n’entendait être gênée en rien, le laissant, de son côté, libre de se livrer à tous ses goûts agricoles, à toutes ses expériences chimiques, physiques, agronomiques ; mais lui portant, toutefois, l’attachement de la meilleure des femmes. Ils avaient acquis, depuis quelques années, une terre charmante en Touraine, sur les bords du Cher, si remarquables par leur fertilité et la variété de leurs productions. Le baron venait y passer la belle saison ; et là il s’abandonnait à ses spéculations rurales, à tous ses rêves de bonheur. Léontine, qui partageait les goûts de sa mère, s’amusait souvent avec elle des essais, quelquefois infructueux, que faisait le baron ; elle avait pris insensiblement un dédain remarquable pour tout ce qui tient aux productions de la terre. Vainement son père cherchait-il à vaincre cette ignorance totale de tout ce qui peut être bon, utile, indispensable aux besoins de la vie ; la jeune incrédule riait de toutes ces remarques, et s’imaginait qu’on était bien dupe de tant s’agiter, de tant travailler aux choses qui venaient tout naturellement. Elle était convaincue que l’agriculture n’est utile qu’à employer un grand nombre de malheureux, et que partout on trouve l’abondance avec de l’or. La terre du baron n’était qu’à une demi-lieue du château de Grammont, bâti en face de l’avenue qui conduit à la ville de Tours, cette superbe avenue qui traverse le Cher, d’immenses prairies et les champs fertiles, appelée les Varennes, où l’agriculture est portée au plus haut degré de perfection. Ce château de Grammont, dont la situation est ravissante et domine sur le beau jardin de la France, avait de tout temps été possédé par les personnages les plus marquants de la contrée ; et les propriétaires du jour y attirent, pendant l’été, de nombreux visiteurs. Il y avait une grande réunion dans ce séjour enchanteur, et le baron de Brevanne y était invité avec sa femme et sa fille. Toutes les deux se faisaient une fête d’y assister ; mais la baronne s’était donné une entorse dans son parc, et il fut convenu que son mari se rendrait avec Léontine au château de Grammont. Celle-ci prépare, en conséquence, une toilette recherchée, s’imaginant faire le trajet en calèche ; mais c’était le soir d’une belle journée du mois d’août, et M. de Brevanne était avide de traverser, en se promenant, ces champs couverts de moissons, que l’on commençait à récolter ; il ne trouvait rien de comparable à ce tableau ravissant de tous les agriculteurs qui recueillent le fruit de leurs travaux. Il propose donc à Léontine de se rendre à leur destination en se promenant, afin de mieux respirer la fraîcheur du soir, et de prendre un exercice salutaire. La jeune dédaigneuse accepte, à condition toutefois qu’un domestique les suivra, pour lui porter des chaussures fraîches, et que la calèche viendra les reprendre à minuit pour les ramener à leur terre ; ce qui fut exécuté. Ils étaient à peu près aux trois quarts de leur course, et n’avaient plus que cinq cents pas à faire pour atteindre le château de Grammont, lorsque le baron propose à sa fille de se reposer quelques instants sous l’un des beaux arbres qui bordent la grande route. Léontine s’assied avec son père sur un tertre, et couvre ses épaules d’un ancien cachemire de sa mère, que celle-ci l’avait forcée de prendre, pour se préserver de la rosée du soir et s’envelopper, la nuit, en revenant dans la voiture. À peine avaient-ils pris place, qu’ils voient passer une jeune glaneuse répétant gaiement une chansonnette, et cherchant à s’alléger d’une gerbe assez forte, composée des glanes qu’elle avait faites, pendant la journée, dans les riches varennes de Saint-Sauveur. Elle va s’appuyer en effet sur une borne militaire portant le numéro 121, et, se soulageant momentanément de son fardeau, elle essuie avec le coin de son tablier la sueur qui coule de ses grosses joues brunies par l’ardeur du soleil. La figure de cette jeune fille annonçait la franchise et la bonté. « Il paraît, dit M. de Brevanne, l’examinant, que cette glaneuse a bien employé son temps ; aussi paraît-elle contente de sa journée. – Bon ! répond Léontine ; ce sont de ces automates que je ne crois susceptibles ni de peine ni de plaisir. – Tu veux dire, ma fille, qu’ils sont moins sensibles que nous à la peine, parce qu’ils y sont accoutumés ; mais, en revanche, ils sentent plus vivement les plaisirs de la vie, parce qu’ils en ont moins que nous l’habitude. Regarde cette villageoise : examine le sourire qui erre sur ses lèvres ; elle est peut-être plus heureuse et plus fière de la gerbe qu’elle porte sur son dos que tu ne l’es du cachemire qui te couvre. – Quoi ! vous pourriez comparer ce cachemire, tout vieux qu’il est, à de misérables épis ! – Ma fille, tout ce qui se reproduit dans la nature, quelque petit qu’il puisse être, vaut mieux que ce qu’invente l’opulence, et qui chaque jour perd de son prix. Avec du temps, de la patience, je pourrais te prouver que le trésor de la glaneuse est plus précieux que le tien. – Si j’osais tous en défier, mon père ! – Mais c’est à condition que tu me seconderas toi-même dans mon projet. – Je vous en fais la promesse. – En ce cas, nous allons commencer. » Il se lève à ces mots, aborde la glaneuse et lui dit : « Combien croyez-vous que peut contenir de blé cette énorme gerbe que vous portez là ? – Ma fine, répond naïvement la jeune fille, d’ la façon dont ça pèse sur mes épaules, j’ crois ben que j’ tenons au moins deux boisseaux de froment ; c’ n’est pas sans besoin, quand on n’a qu’ ses bras et une pauvre mère infirme... Heureusement j’ons d’ la force et du courage. – Comment vous nommez-vous ? – Marguerite Lefranc, du hameau des Coudriers, à cent pas d’ vot’ château. Oh ! j’ vous connaissons ben, monsieur l’ baron. – Voulez-vous me vendre votre gerbe ? je vous en donne vingt francs. – Monsieu l’ baron veut s’ moquer d’moi. – Du tout, prenez cette pièce d’or : vous remettrez vos glanes à mon concierge, et lui recommanderez de les déposer dans mon cabinet de travail. – Oui, monsieu l’ baron ! – Adieu ! soignez bien votre mère... – Elle va prier Dieu pour vous, j’ vous en réponds. – Et, quand vous ne trouverez plus à glaner, venez me demander du travail au château. – J’ n’y manquerai pas, monsieu l’ baron. » Elle s’éloigne à ces mots, en portant sur le père et la fille des regards pleins d’expression, et gagne l’habitation de M. de Brevanne, où l’on exécuta ponctuellement les ordres qu’il avait donnés. Léontine, pendant le chemin qu’ils avaient encore à parcourir, ne cessa de plaisanter son père sur le marché qu’il avait fait ; mais, arrivée au château de Grammont, elle oublia bientôt, au milieu de la réunion la plus brillante, et la rencontre de la glaneuse et le défi qu’elle avait osé donner au savant naturaliste. Elle ne revint qu’à une heure du matin, et réitéra pendant la course les plaisanteries les plus folles, auxquelles la baron ne répondit que par ces mots : « Je te le répète, ma fille, tout ce qui se reproduit est d’une valeur incalculable. » Le lendemain, dès que Léontine fut éveillée, elle s’empressa d’aller conter à sa mère l’aventure de la glaneuse, l’achat de la gerbe ; et toutes les deux, en éclatant de rire, se rendent au cabinet de travail du baron, qui déjà s’occupait à égrener lui-même la gerbe de Marguerite, afin de n’en pas perdre un seul grain. Elle produisit environ deux mesures de froment, qu’il renferma dans un sac, sur l’ouverture duquel il mit trois cachots à l’empreinte d’une pierre antique attachée au réseau d’or qui soutenait les cheveux de Léontine. Bientôt arrivèrent les semailles : le baron, se promenant un soir avec sa famille, rencontre le fils aîné de Richard, l’un de ses fermiers, qui revenait du labourage, et lui demande combien il fallait de terrain pour ensemencer deux boisseaux de blé. « Mais, m’sieu l’ baron, seize chaînées environ : douze mesures à l’arpent, c’est la règle. – Eh bien ! tu diras à ton père que je le prie de me laisser disposer de pareille quantité de terrain dans le champ qu’il croira le plus fertile, et que toi-même tu ensemenceras en ma présence. Je suis curieux de savoir ce que mes deux boisseaux de blé me produiront à la moisson prochaine. – C’est facile à vous dire : si l’année est bonne, vous pouvez compter sur dix fois la semence. – Dix fois ! s’écria Léontine avec étonnement. – Oui, mam’zelle, et même douze ; ça dépend de l’engrais et du labour. – Bon Charles, je te recommande de ne rien négliger pour faire prospérer mon essai rural, et je saurai te récompenser de tes soins. » En effet, Charles prépara la portion de champ nécessaire, et lorsqu’elle fut entourée de palissades par le jardinier du château, pour la distinguer des autres portions de terre et en défendre l’entrée, M. de Brevanne vint avec sa fille voir semer le produit de la gerbe de Marguerite, et celle-ci, de son côté, fut chargée de veiller à ce petit enclos, d’en arracher les herbes parasites. Le baron, en lui remettant la clef du treillage, lui recommanda particulièrement cet essai, lui assurant qu’il pourrait leur être utile à tous les deux. L’automne touchait à sa fin : la famille de Brevanne regagna Paris. Pendant tout l’hiver, il ne se passait pas un seul jour que le naturaliste ne songeât à sa petite réserve, sur laquelle il formait de grands projets, il entrevoyait de grandes jouissances. Quant à Léontine, distraite par le tourbillon du grand monde où la conduisait sa mère, elle oublia tout à fait et le champ de blé et la glane, et même la pauvre Marguerite. Le printemps reparut, et le premier de mai ramena le baron et ces dames à leur terre. La réserve revint alors à la pensée de Léontine ; malgré les plaisanteries de sa mère, elle fut curieuse de savoir comment elle prospérait. Dès le lendemain de son arrivée, elle s’y laissa conduire par son père : ils y trouvent Marguerite occupée à détruire les plantes nuisibles. Elle vient à leur rencontre, et avec cette gaieté franche qui la caractérise, elle leur dit que Dieu semblait avoir béni ses glanes, et que jamais on n’avait vu, dans le pays, de plus beaux épis. « Il est vrai, ajoute-t-elle, qu’il n’ s’ passe pas de jour que je n’ venions y donner un coup d’ main, et j’ perds mon nom d’honnête fille si l’on peut y trouver un seul brin d’ivraie, ou même un pied d’ chardon. – Oh ! j’étais bien sûr, lui dit M. de Brevanne, que mon essai rural était en bonnes mains... Comment va votre mère ? – Plus impotente qu’ jamais, monsieu l’baron : ell’ ne peut plus s’ servir d’ ses pieds ni d’ ses bras ; i’ n’ lui reste qu’ les miens, qui, grâce à Dieu, sont solides, et n’ l’i manqueront jamais. » Léontine laisse tomber sur cette excellente fille un premier regard d’intérêt, qui n’échappe point à l’oeil vigilant de son père. Pendant tout l’été, il ne se passa pas un seul jour sans que M. de Brevanne et sa fille n’allassent visiter le petit champ clos, et lorsque la moisson fut arrivée, on convint du jour où l’on réunirait en gerbes le produit de celle de la glaneuse. Ce fut Charles qui fit cette récolte en présence de la famille de Brevanne. Elle passa toute espérance ; car les gerbes, transportées sous les yeux des assistants et déposées dans la serre, ayant été battues quelques jours après, produisirent vingt-cinq mesures du plus beau froment. Il est vrai que Marguerite voulut y joindre le peu de glanes qu’elle avait faites derrière Charles, tant elle s’intéressa au produit de la gerbe. Ces vingt-cinq mesures furent également renfermées dans deux grands sacs, sur l’ouverture desquels M. de Brevanne fit apposer par Léontine l’empreinte de sa pierre antique. Elles couvrirent, peu de temps après, deux arpents et demi de terre faisant partie de la réserve du baron, et autour desquels il fit poser des bornes, afin de bien reconnaître l’étendue du terrain à la moisson suivante. « Si deux mesures de blé, disait Léontine, en ont produit vingt-cinq, celle-ci en donneront... – À peu près trois cents, lui répondit son père ; mais je t’ai prévenue qu’il fallait du travail et de la patience ; je ne te demande plus qu’un an, ma fille, et tu connaîtras tout mon projet. » Léontine réfléchit beaucoup sur ce produit d’une seule gerbe. On ne l’entendait plus se répandre en plaisanteries sur l’agriculture, et pendant tout l’hiver qu’elle passa dans Paris, elle s’informait avec un intérêt très remarquable si les blés de la réserve promettaient d’être beaux, si Marguerite leur donnait toujours ses soins. Enfin, à l’approche de mai, Léontine n’exprima plus tout haut les regrets de quitter la capitale pour aller s’enterrer à la campagne pendant tout un été. Elle avouait que le séjour des champs a ses attraits, ses jouissances, et qu’on pouvait y trouver le bonheur. Elle fut la première à parler du jour du départ, et parmi les livres dont elle composait ordinairement sa petite bibliothèque de campagne, le baron fut aussi surpris que ravi de trouver les Études de la nature et la Maison rustique. En arrivant en Touraine, Léontine n’alla point s’enfermer dans le boudoir de sa mère, ainsi qu’elle l’avait fait aux voyages précédents. Elle accompagna son père dans ses promenades, parcourut avec lui les différentes fermes et les cabanes des pauvres gens qu’elle assistait ; elle voulut même aller visiter celle de Marguerite, et trouva cette excellente fille roulant dans un vieux fauteuil sa mère devenue tout à fait paralytique, pour la réchauffer aux rayons du soleil. Ce tableau touchant émut vivement la jeune incrédule, et lui prouva que les vertus habitent sous la chaume comme sous les lambris dorés. Mais ce qui ne charma pas moins la nouvelle initiée aux prodiges de la nature, ce fut cette nappe d’épis encore verts qui couvrait la réserve. Avec quelle impatience elle en attendait la récolte ! Quel pouvait être le projet de son père ? Bientôt arriva l’époque de cette révélation tant désirée. Léontine voulut assister avec son père à la moisson que devaient produire les deux arpents et demi qui renfermaient le premier produit de la gerbe : ce qui les retint l’un et l’autre une journée entière. Ils dînèrent sur le gazon, à l’ombre d’un vieux chêne, environnés des moissonneurs et des glaneuses, qui ne cessaient d’exprimer par leurs cris de joie le plaisir et l’honneur de se voir, pour ainsi dire, admis à la table du baron de Brevanne, si chéri, si respecté de tous les agriculteurs. Léontine avouait que ce repas champêtre était le plus délicieux qu’elle eût fait de sa vie. Enfin l’on charge sur des chariots les nombreuses gerbes récoltées dans la réserve, et que Léontine compte elle-même ; elles sont déposées dans l’orangerie du château, et, battues pendant plusieurs jours de suite, elles produisent au-delà de trois cents mesures de froment, qu’on renferme dans trente sacs, sur lesquels on pose de nouveau le sceau dont on avait fait usage. « Quoi ! se disait Léontine, ces trente sacs de blé proviennent de ces glanes que je méprisais tant ? – Encore un an, lui répondit son père, et ces trois cents mesures de blé pourraient en produire trois mille : voyons maintenant ce que pourra valoir, à cette époque, le cachemire que tu portais lorsque nous rencontrâmes la jeune glaneuse au bas du château de Grammont. Usé presque à moitié à cette époque, il a été mis en robe par ta mère ; sous quelques mois il passera à sa femme de chambre, qui bientôt l’aura vendu sept à huit pièces d’or... Mais moi, avec le produit de ma gerbe, je vais ensemencer ma réserve entière, dont la récolte pourra nourrir tous les indigents du canton. Considère maintenant l’immensité des richesses agricoles ; admire avec moi les prodiges de la reproduction, et avoue, ma fille, qu’un sage a bien eu raison de dire qu’il n’y a pas de riens dans la nature, et que le Créateur, à côté des maux qu’il a déversés sur les mortels pour les éprouver, a mis tous les biens qui peuvent leur faire oublier les maux et les leur convertir en biens. – Ô mon père ! lui répond Léontine en se jetant dans ses bras, que je te remercie de cette admirable leçon ! je te dois la vie, je vais te devoir plus encore, puisque mes goûts vont devenir les tiens. » Dès que la réserve du baron fut ensemencée, il dit à sa fille de l’accompagner chez Richard, à l’heure où le dîner réunissait la famille du fermier, ainsi que les ouvriers qu’il employait, et au nombre desquels était Marguerite, qui travaillait à la basse-cour. « Richard, dit M. de Bravanne, vous m’avez témoigné l’intention de céder à Charles votre ferme : j’y suis bien disposé. Mais, avant tout, il faut le marier, et je viens vous proposer un parti que je crois avantageux. – Présentée par vous, monsieu l’ baron, la future est acceptée de grand coeur. – Elle réunit tout ce qui fait une femme de bien, de la force, de la santé, l’habitude du travail, et le plus heureux caractère. Pleine d’égards pour ses parents, elle en aura pour ceux de son mari. En un mot, elle est chérie et estimée de tous ceux qui la connaissent, et cette prétendue-là... c’est Marguerite. – Moi ! s’écria celle-ci tout en rougissant : monsieu l’ baron veut s’amuser. Maît’ Richard est trop bon père pour marier Charles à une pauvre fille qui n’a rien. – Elle a la récolte de trente arpents de blé, réplique vivement le baron, et le montant de la première année de fermage, dont je la dote. – Elle a six cents francs de trousseau, ajoute Léontine, que nous lui donnons, ma mère et moi. – S’rait-il ben possible ! reprend Marguerite, les yeux mouillés et respirant à peine. – En ce cas, dit Richard, j’ vous acceptons pour ma bru... si tout’fois vous plaisez à mon fils. – Je n’ voyons pas, dit à son tour Charles, où j’ pourrions en trouver une meilleure et pus av’nante. Vot’ main, bonne Marguerite, et j’ vous fiance. – Non, non, reprend celle-ci d’une voix qu’altéraient la surprise et l’émotion, je n’ pouvons pas nous marier tant qu’existera ma pauv’ mère ; elle est si infirme ! – Eh bien ! dit Richard, vous l’amènerez à la ferme, et j’ la soign’rons. Est-ce que vous r’fuseriez Charles, si par malheur j’étais paralytique ? Est-ce qu’une fois sa femme, vous l’empêcheriez d’ soigner mes vieux jours ? – Oh ! ben l’ contraire ; vous n’ trouveriez en moi qu’une fille d’ plus, maît’ Richard. – Allons, dit’ donc : Mon père... et qu’on m’embrasse... » À ces mots, l’heureuse Marguerite se jette dans les bras du fermier, qui s’empresse d’unir sa main à celle de son fils. Les garçons de ferme et tous les ouvriers félicitent Charles de choisir Marguerite, la bonne Marguerite, que les filles de Richard nomment déjà leur soeur. De tous côtés, ce sont des cris d’allégresse, des baisers donnés et rendus ; tous les yeux sont noyés de larmes, ceux même de Léontine. Le baron la presse sur son coeur, et lui dit, en désignant tous ces braves gens qui les entouraient et leur exprimaient à l’envi leur reconnaissance : « Voilà pourtant, ma fille... voilà le produit d’une gerbe !... » |
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- FIN -
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