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Synopsis du conte... || Ce conte fait ± 1½ page (4311 caractères)
Pays ou culture du conte : France.

Recueil : Contes de Saint-Santin

00 - Prologue

Charles-Philippe de Chennevières-Pointel (1820-1899)

Dans le jardin du petit logis qu’on appelle Saint-Santin, et qui est sis tout à côté de Bellesme en Perche, se trouvait, une fois, rassemblée une troupe nombreuse d’enfants de tout âge, depuis les bambinets jusqu’à ceux qui savent déjà très-bien lire et très-bien écrire, et même jusqu’à ceux qui vont au catéchisme. C’était à l’occasion d’une fête qui se donnait dans la ville en l’honneur des gens des environs qui avaient amené sur le champ de foire les plus belles vaches, les plus beaux chevaux, les plus beaux moutons. On appelle cela un Comice agricole, et l’on en célèbre souvent aujourd’hui dans nos campagnes ; mais celui-là était le premier qu’eût jamais vu la ville de Bellesme, et M. le maire et MM. les adjoints du maire et M. le député de l’arrondissement n’avaient rien négligé pour que les bourgeois et les paysans en gardassent longues années la mémoire. On ne voyait dans toutes les rues que guirlandes de feuillage, et aussi, pour quand viendrait la nuit, des guirlandes de verres de couleur. Sur le champ de foire, un feu d’artifice devait être tiré le soir ; mais pour occuper les curieux jusque-là, et pour que les ivrognes ne restassent pas tout le long du jour dans les cabarets, vers l’après-dînée, un homme devait s’enlever dans un ballon ; et de tous les gens qui étaient venus ce jour-là à Bellesme, de dix lieues à la ronde, je jurerais qu’il n’y en avait pas dix qui eussent, de leur vie, vu s’enlever un ballon. Jugez quelle fête !

Or, comme du jardin de Saint-Santin il est facile à des yeux qui n’ont pas encore besoin de lunettes d’apercevoir, par delà la route neuve, tout ce qui se passe dans le champ de foire, et même jusqu’à la forêt, sans être exposé aux ruades des chevaux ni aux cornes des boeufs, ni à être étouffé par la foule, ni à être brûlé par le soleil, qui était fort chaud, bon nombre d’enfants avaient été amenés dans ce jardin par leurs parents, et ils étaient libres de courir, monter et descendre les allées, jouer à cache-cache dans les tonnelles, derrière les haies et la charmille, en attendant que le ballon se gonflât et quittât terre. Leurs bonnes, qui les gardaient là, commencèrent à courir et jouer avec eux, et ce n’était pas elles qui riaient et qui criaient le moins fort. Elles eussent mieux aimé peut-être conduire les enfants dans la mêlée et s’en aller jasant avec les commères de la ville qui descendaient par bandes le long de la route, et leur montrer leurs bonnets à larges rubans et leurs cols brodés, et leurs belles robes d’orléans, serrées à fine taille, qui auraient fait crever les autres de jalousie, parce que ces robes, ces cols et ces bonnets venaient presque tous de Paris, ou tout au moins de Caen ou d’Alençon ; mais il fallait rester à Saint-Santin et s’y divertir avec les enfants. Elles en prirent pourtant leur parti, d’autant qu’elles aimaient beaucoup chacune leurs nourrissons, encore un peu plus, il faut le dire, que leurs bonnets et leurs robes.

Un goûter avait été préparé, un goûter selon la saison : des pêches, des prunes et une bonne galette sucrée à la mode d’Argentan. On posa les plats et les assiettes sur les bancs rustiques, et l’on s’assit par terre sous le bouquet de sapins.

- Que de monde, Seigneur ! aujourd’hui dans Bellesme ! dit Marie la jardinière ; on ne se retrouve plus sur la place du Château, on ne se retrouve plus sur la place du Marché. Il n’y en avait pas tant, l’an passé, à la Saint-Simon, quoiqu’il fît aussi beau soleil et qu’on n’eût pas vu une aussi belle foire depuis bien des années. En voilà-t-il des allants et des venants ! Si l’on ne parle pas demain d’enfants qui se soient perdus, ce sera grande chance. Le petit de maîtresse Massard se perdit comme ça, l’autre année, le jour des courses à Mortagne. Le meunier d’Aunay le ramenait chez sa mère, à la Menardière, qu’elle était encore à le querir de porte en porte jusqu’à dix heures dans la nuit.
- Moi, si je perdais ce petit gars Henry que voilà, fit une nourrice, j’irais me jeter du haut de la tour de Saint-Sauveur. Qu’est-ce qu’on peut dire à une pauvre mère pour lui expliquer qu’on a perdu son enfant ?

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- FIN -

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