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Nous causions un jour avec un vieux Canadien nommé Alain Dupuis, descendant d’une des premières familles installées avec M. de Maisonneuve à Montréal. Nous parlions de l’histoire de son beau pays et, par hasard, la conversation tomba sur l’année 1689. — L’année 1689, murmura notre interlocuteur avec une nuance de mélancolie, l’année du massacre. Bien entendu, ces mots excitèrent notre curiosité, et nous sollicitâmes de plus amples explications. M. Alain Dupuis ne se fit pas prier. — Oui, nous dit-il, l’année du massacre. On en parlait encore, et non sans effroi, dans ma prime jeunesse, et les vieillards en faisaient volontiers le récit. On était aux premiers jours d’août. L’hiver avait été rude, mais le printemps admirable. On venait de finir la récolte qui n’avait jamais été aussi abondante: Mon aïeul, Alain Dupuis, possédait une grande exploitation sur le lac Saint-Louis, à une médiocre distance de Montréal. Il avait été visiter ses champs, afin de prendre ses dispositions en vue des prochaines semailles. Il rentrait chez lui pour le souper. Mon aïeul, un homme grand et vigoureux, aguerri par la rude existence des colons fondateurs de la Nouvelle-France, chasseur, trappeur et agriculteur, qui avait dû, dans les débuts, tout faire par lui-même, et avait ainsi acquis l’aisance dont il jouissait, mon aïeul, donc, se sentait ce soir-là déprimé. L’état de l’atmosphère était sans doute cause de cette sensation qui amollissait les membres et assombrissait l’esprit des plus optimistes. La chaleur était torride ; à l’horizon, surtout vers l’ouest et vers le sud, s’amoncelaient de gros nuages noirs qui, peu à peu, s’étendaient. Dans le lointain, l’orage grondait. Alain Dupuis se trouva soulagé lorsqu’il aperçut sa demeure, une grande maison faite extérieurement en troncs d’arbres dégrossis à la hache et dont l’intérieur était tapissé de planches. Le bois n’était pas cher. Cette disposition faisait des logis confortables, se chauffant bien en hiver et défendant ses habitants, l’été, contre la chaleur; Mon aïeul savourait déjà le plaisir qu’il aurait à goûter la fraîcheur de sa demeure. Tout autour de la maison d’habitation régnait une haute et solide palissade, fermée par une épaisse porte. Dans cette enceinte étaient les magasins où l’on entassait le fourrage et le grain, les écuries du bétail et les wigwams pour les serviteurs indigènes. Alain Dupuis, excellent homme, s’était attaché quatre Hurons auxquels il avait inculqué l’art de cultiver la terre et de soigner les bêtes et qui le servaient le plus fidèlement et le plus intelligemment du monde. Ayant franchi la clôture de bois, le maître vit sur le seuil de son logis son fils Louis, un grand garçon de vingt-cinq ans tout nouvellement marié, qui paraissait l’attendre. — Ah! dit le jeune homme, je suis heureux de vous voir, mon père ; j’allais partir au-devant de vous. Alain Dupuis remarqua combien le jeune homme paraissait nerveux. C’était aussi une chose bien insolite que ces larmes de la jeune mariée, fille d’un colon, et qui n’était pas, je vous prie de le croire, de ces femmelettes qui s’évanouissent pour une araignée aperçue dans un coin. — Le temps est à l’orage, rétorqua mon aïeul; moi-même, je ne me sentais pas aussi dispos que d’ordinaire. Son malaise inexplicable le reprenait. Il embrassa tendrement sa bru venue à sa rencontre et remarqua ses traits tirés. Les nuages noirs avaient complètement envahi le ciel et des éclairs rouges les sillonnaient en tous sens. Les roulements du tonnerre étaient plus forts et plus fréquents. — Rentrons vite, prononça Alain Dupuis. La pluie va tomber et sans doute la grêle. Quelle chance que nos récoltes soient engrangées! Dehors on entendait un piétinement et des mugissements ; c’étaient les bestiaux que ramenait un serviteur huron. Les bêtes parurent à la porte de la palissade et leurs mugissements étaient tristes ; leur gardien ne chantait pas comme d’habitude. Dans la salle fraîche, devant le souper préparé par la servante dieppoise, Alain Dupuis reprit son calme. Veuf depuis des années, il avait reporté toute son affection sur son fils et sur sa bru, et il était heureux lorsqu’il se trouvait au milieu d’eux. A peine tous les trois avaient-ils commencé leur repas qu’un grand fracas retentit : deux terribles coups de tonnerre avaient ébranlé la maison. Les écluses du ciel s’étaient ouvertes, l’eau dévalait en trombes mêlées de rafales de grêle. Un véritable ouragan soulevait le lac ; le bruit des éléments en furie était assourdissant. Par les fentes des lourds volets clos, on apercevait constamment les fulgurations de la foudre. Le repas fut sans gaîté; on ne prolongea guère la veillée autour de la chandelle. Au moment où l’on allait se séparer pour la nuit, Louis eut l’idée de sortir afin de vérifier la porte de l’enceinte que l’on barricadait toutes les nuits. Il rentra trempé. — Je n’ai jamais vu un temps pareil, grogna-t-il. Le lac qui m’est apparu à la lumière des éclairs est déchaîné. Il y a au moins trois orages qui se sont réunis sur ce point, d’autres nous menacent de l’ouest. Dieu aide les voyageurs attardés! Mon aïeul s’en fut se coucher. Il ne pouvait pas dormir; son corps était moite ; dès qu’il s’assoupissait, des cauchemars peuplaient son cerveau. Il ne parvenait pas à s’expliquer, lui qui était l’homme le moins imaginatif du monde, pourquoi les vieilles histoires de sauvages, massacrant et tuant les colons — histoires dont avait été bercée son enfance — lui revenaient en foule. Il y avait surtout certains récits d’invasion de fermes par les Iroquois qui ... Alain Dupuis tressaillit ; le hurlement d’un loup venait de frapper son oreille ; jamais les loups ne se font entendre par des temps pareils. Voilà que précisément la tempête avait l’air de se calmer ; on ne percevait plus que le vent et les grondements de tonnerre plus éloignés. Une deuxième fois le loup hurla ; on eût dit que l’animal était tout proche de la maison. Mon aïeul se leva, enfila son haut-de-chausse, prit son fusil et sortit. Il faisait encore nuit, pourtant une aube incertaine permettait de deviner les objets et, grâce à cette lueur, Alain Dupuis distingua des ombres qui franchissaient la palissade. Des Iroquois! Alain Dupuis était un habile chasseur ; sans hésiter, il épaula, et l’un des sauvages dégringola de la palissade ; à ce coup de fusil répondirent des appels féroces. De tous côtés surgissaient des têtes emplumées. Le cri de guerre des Iroquois s’éleva menaçant et lugubre. Mon aïeul n’eut que le temps de rentrer dans la maison. Louis, son fils, accourait armé, lui aussi. Mon aïeul rechargea son fusil. Il eût été fou de se risquer au dehors. Les deux hommes montèrent à l’unique étage et poussèrent prudemment un des épais volets. La cour était complètement envahie par les sauvages ; on les voyait distinctement; ils avaient mis le feu aux magasins à fourrage, leurs ombres dansaient dans cette lueur rouge. Des appels de détresse, joints à des mugissements affolés, venaient des bâtiments d’exploitation. Les agresseurs massacraient les serviteurs hurons, tuaient les bêtes. Le père et le fils déchargèrent leurs armes; leurs coups faisaient des ravages. Les sauvages, distraits de leurs cruelles occupations, retournaient leur rage contre l’habitation; ils s’étaient glissés le long des murs, se préparant à y mettre le feu. Alain Dupuis, jusque-là grisé par l’ardeur de la bataille, songea, en effet, qu’il fallait avant tout sauver les femmes, et que, peut-être, il en était encore temps. Il y avait une petite porte à l’arrière du logis qui permettait de gagner directement la forêt. Les sauvages n’y auraient sans doute pas pensé, absorbés qu’ils étaient par leur souci d’incendier la maison. Mon aïeul avait deviné juste. Il put sortir avec les siens, et, par la forêt, atteindre Montréal qu’il trouva en proie à une compréhensible terreur. Ce ne fut pourtant que deux jours après que l’on connut l’étendue désastre. A la faveur de la tempête, deux mille Iroquois avaient traversé le lac Saint-Louis, s’étaient disséminés autour des maisons des colons qui s’étageaient au bord du lac, et, sur un signal, qui était l’aboiement du loup, ils avaient, tous à la fois, attaqué les habitants, de façon que les colons français ne puissent pas se porter mutuellement secours. Des centaines d’hommes, de femmes, d’enfants avaient été massacrés. Tous ceux qui étaient tombés vivants entre les mains des sauvages avaient été mis à la torture. A certains endroits, des mères avaient été forcées de rôtir vif leur enfant, des colons avaient été emmenés afin d’être suppliciés dans les cantons. Mon aïeul était heureux d’avoir pu sauver son fils et sa bru, pourtant il était complètement ruiné ; rien ne restait de sa maison, rien de ses récoltes, rien de son bétail. Il lui fallait, après une vie de labeur, recommencer comme au premier jour. Trois années, au moins, étaient nécessaires pour qu’il pût, non pas reconstituer son bien, mais se créer une très modeste aisance. Il ne se découragea pas, il se remit à l’ouvrage. C’est alors que, pour la deuxième fois, revint, comme gouverneur de la colonie, Louis de Buade, comte de Frontenac. L’arrivée de ce chef, dont on avait pu apprécier les qualités, ragaillardit les Canadiens, passablement découragés. La confiance était revenue et elle était bien placée. Frontenac n’était pas homme à permettre qu’un massacre comme celui d’août restât impuni. Il savait que les Iroquois n’auraient pas eu, par eux-mêmes, l’audace de s’attaquer à la colonie, s’ils n’avaient pas été poussés et aidés par des blancs. Ces blancs étaient les gens de la Nouvelle-Angleterre, ceux dont la capitale était Manhatte, l’actuel New-York. C’étaient eux, qui, jaloux de la prospérité de la Nouvelle-France, avaient armé et guidé les sauvages dans l’espoir de s’installer à la place des Canadiens massacrés ou chassés par la peur. — Il faut frapper d’abord à la tête et non au bras, déclara le gouverneur. Il convoqua à Montréal les colons désireux de participer à une grande entreprise. Mieux que les soldats des régiments de France, ils étaient à même de faire ce que souhaitait Frontenac. Alain Dupuis et son fils étaient du nombre des volontaires. Le contingent fut divisé en trois troupes. Celle à laquelle mes aïeux furent rattachés avait pour objectif Corlar, une bourgade peu éloignée de New-York et qui s’appelle aujourd’hui Chelectady. Deux des frères Le Moyne, MM. de Sainte-Hélène et d’Iberville avaient le commandement du détachement qui comprenait cent quatorze Français et quatre-vingt-seize sauvages. Ce que fut le voyage, je vous le laisse imaginer. Il fut effectué au mois de février, c’est-à-dire à la saison la plus froide de l’année. Chacun s’en alla avec le fusil en bandoulière, le paquet de vivres à l’épaule et les raquettes aux pieds. On n’avait pas d’autres provisions que ce que l’on portait, pas d’autre abri que le ciel pur et glacial, pas d’autre lit que la neige. Il fallait rompre un pied de glace pour obtenir de l’eau et l’on devait briser le pain à coup de hache. Qu’importe! chacun était animé par le désir d’une juste vengeance. Qui, en effet, à la colonie, ne pleurait pas la perte d’un parent ou d’un ami ? Il y avait cent lieues à parcourir, on en vint à bout et l’on atteignit Corlar au milieu d’une nuit. Les Anglais étaient si loin de se figurer qu’ils couraient quelque risque, que des hommes oseraient surmonter de telles difficultés pour les venir attaquer, qu’ils dormaient tous paisiblement, n’ayant même pas cru nécessaire de placer des veilleurs. La bourgade fut prise et malgré les efforts des Français, les Hurons et les Algonquins, nos alliés, massacrèrent et brûlèrent tout ce qui leur tomba sous la main. pendant ce temps, les deux autres troupes organisées par M. de Frontenac opéraient sur d’autres points et leurs succès étaient aussi décisifs. Après cette triple expédition, les Canadiens se remirent plus allégrement à leur tâche ; ils avaient la sensation d’avoir puni les vrais coupables et d’avoir inspiré le respect aux indigènes hostiles. *** A leur tour, les Anglais de la Nouvelle-Angleterre voulurent tirer vengeance de ce qu’ils considéraient comme des agressions injustifiées. Ils disposaient de moyens bien supérieurs à ceux du Canada ; contre une colonie dont la population blanche était à peine, en tout, de dix mille personnes, ils mirent sur pied cinq mille soldats. Cette armée, ils la partagèrent en deux colonnes ; l’une sous les ordres du général Winthrop, forte de, trois mille hommes, se dirigeait par terre sur Montréal. La seconde, de deux, mille combattants, fut embarquée sur une flotte de trente-cinq navires commandée par l’amiral Phipps et expédiée vers Québec. L’armée de Winthrop, dont les soldats n’avaient ni l’entraînement, ni la vaillance, ni l’endurance des colons français, ne parvint jamais à destination et, bien avant Montréal, elle fut dispersée par la fatigue et la maladie. Quant à Phipps avec ses trente-cinq voiles, il s’engagea hardiment sur le Saint-Laurent. Dès que Frontenac fut averti par les indigènes de la côte de l’approche ce redoutable ennemi, il mit Québec en état de défense. Les colons de toute la région furent alertés ; beaucoup cependant n’eurent pas le temps d’arriver, car les distances étaient grandes ; d’autre part, il fallait veiller à la défense de Montréal, de sorte que le gouverneur ne disposait que d’une faible garnison, ce dont Phipps était bien informé. Le 16 octobre 1690, vers 10 heures du matin, les trente-cinq nefs anglaises jetèrent l’ancre devant Québec qui était en pleine fièvre de préparatifs de résistance. Une chaloupe portant à l’avant le drapeau blanc des parlementaires se détacha de l’escadre, voguant vers la ville. M. de Frontenac donna des instructions pour l’accueil à faire au messager anglais et il envoya au-devant de lui un officier d’ordonnance. A son débarquement, le parlementaire eut, suivant l’usage, les yeux bandés. Après quoi, sous escorte, il fut conduit au château du gouverneur. Les ordres de celui-ci avaient été bien exécutés. Pendant près d’une heure l’Anglais qui ignorait le trajet qu’il devait parcourir, fut promené à travers les rues de la ville. Autour de lui on faisait du bruit, les tambours battaient, les trompettes sonnaient le rassemblement, une agitation grouillante l’accompagnait sans cesse et il put croire la cité pleine comme une ruche et débordante d’activité. Encore tout étourdi de ce qu’il avait entendu et qui était loin de ce qu’il imaginait, le parlementaire fut introduit dans la grande salle du palais où on lui enleva son bandeau. Là, sa surprise fut plus intense encore : au lieu de quelques colons plus ou moins dépenaillés qu’il pensait apercevoir, il se trouva en présence du gouverneur en habit de velours, flanqué de l’évêque, des magistrats dans leurs plus beaux accoutrements, et d’une quantité d’officiers, tous plus bravement parés les uns que les autres. L’envoyé de l’amiral débita le discours qu’on lui avait fait apprendre. Il sommait le gouverneur de se rendre, et cela avant qu’il soit une heure, sans quoi les Anglais donneraient l’assaut. M. de Frontenac répondit d’une voix sèche : — Ce n’est pas de la sorte que l’on fait sommer un homme comme moi. Jamais Québec ne se rendra, à moins qu’il ne soit réduit en cendres. Le messager sollicita une réponse par écrit. — Il n’en est pas besoin, repartit Frontenac. Avant une heure je donnerai à celui qui vous envoie ma réponse à ma manière. A nouveau, le parlementaire eut les yeux bandés et fut reconduit par le même trajet et avec les mêmes précautions vers son canot. Moins de soixante minutes après qu’il eut quitté le palais, les canons de Québec se mettaient à vomir leurs boulets sur l’escadre anglaise. L’une des pièces, pointée par M. de Sainte-Hélène en personne, coupa le mât du vaisseau amiral, si bien que son pavillon tomba à l’eau. Des Canadiens se jetèrent dans la rivière et, malgré la fusillade, s’en emparèrent. Jusqu’à la fin de la domination française ce pavillon devait orner la cathédrale de Québec. Pendant quatre jours les batteries de terre et la flotte se bombardèrent. C’était un merveilleux spectacle que ce combat d’artillerie dans le bassin de Québec. Phipps, peu curieux de pittoresque, commençait à se lasser. Il se rendit compte qu’il n’arriverait à rien par son bombardement et il résolut de frapper un coup décisif. — Ces damnés Français, sacrait l’amiral, je les obligerai bien, si ce ne sont pas des lâches, à sortir de leur tanière . Un corps de quinze cents Anglais fut débarqué face à la ville. Les Britanniques s’alignaient l’arme au bras, en ordre magnifique. A leur grand étonnement, ils virent sortir de la place trois à quatre cents sauvages. Ceux-ci ne marchèrent pas à leur rencontre suivant les règles habituelles de la tactique. Dans la plaine ils s’égayèrent; par petits paquets, ils venaient harceler les bataillons; s’approchaient d’eux en rampant; déchargeaient leur fusil bourré de chevrotines et s’évanouissaient comme par enchantement. Les salves tirées par les troupes anglaises n’avaient sur celle poussière d’assaillants aucun effet. Phipps enrageait lorsqu’il voyait ces hommes à peine couverts d’une mauvaise peau de chien, le torse bariolé, les plumes dans les cheveux, faire subir à ses soldats si bien rangés des pertes répétées. — Il faut que les Français soient des sorciers, grondait-il, pour avoir ainsi dressé ces sauvages. Ce qu’il ignorait, c’est que ceux qu’il prenait pour des sauvages étaient des colons canadiens que Frontenac avait fait déguiser et qui combattaient en ordre dispersé, selon les méthodes qui ne devaient être usitées dans les guerres européennes que deux cents ans plus tard. Les Canadiens avaient beau se multiplier, causer de lourdes pertes aux Anglais, les démoraliser, ils ne parvenaient néanmoins pas à les déloger, étant à peine un contre trois. Phipps harangua ses soldats. Il leur fit honte de trembler devant une poignée d’indigènes; eux, se ressaisissant, s’apprêtaient à s’élancer vers les remparts de Québec... A cet instant, les cloches de la ville se mirent à sonner le tocsin et un bataillon de troupes régulières françaises sortit des retranchements. Les Anglais, croyant que les cloches sonnaient le rassemblement de la milice, que le bataillon n’était qu’une avant-garde et qu’ils allaient essuyer le choc de troupes nombreuses — ne pouvant pas supposer que toute la garnison était engagée — tournèrent les talons et regagnèrent leurs chaloupes. Le lendemain Phipps leva l’ancre et, précipitamment, fit voile vers l’embouchure du Saint-Laurent. Aveuglé par le brouillard et la tempête de neige qui s’était levée, l’amiral coula une partie de ses navires dans les passes du fleuve mal connues de lui. Son expédition se solda par la perte, d’un quart de son effectif. A Manhatte, on attendait Phipps avec une vive impatience. Lorsque ses voiles furent signalées, la population anglo-américaine se rua vers le port pour faire fête. Allait-on apprendre l’agréable nouvelle de la destruction des principales places françaises, d’un carnage de Canadiens ? Les navires devaient être chargés d’un merveilleux butin... Tout ce que rapportait l’amiral était une lourde note à payer, et les Anglo-Américains, au lieu d’enregistrer un triomphe, virent alourdir leurs impôts. Bien longtemps après l’événement, Phipps apprit que, lorsque Frontenac avait fait sonner le tocsin, il n’avait plus cent hommes de disponibles dans la place. Voilà pourquoi si Champlain est le fondateur de la Nouvelle-France, on peut bien accorder à Louis de Buade, comte de Frontenac, le titre de sauveur du Canada. — Voyez-vous, Messieurs, nous dit en terminant Alain Dupuis, les héros de notre histoire nationale n’étaient pas seulement des gens braves, c’étaient des imaginatifs, un peu des poètes. Il ne faudrait pas croire que leurs contemporains, dans leur lointaine patrie, ignorassent leurs efforts et leurs succès. Louis XIV a fait frapper à Paris une médaille commémorant la victoire de M. de Frontenac. Reconnaissez que cet honneur lui était bien dû. |
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- FIN -
Biographie et autres contes de Charles Quinel. Pays : Canada | Corriger le pays de ce conte.Mots-clés : 1689 | 1690 | Canadien | canon | Champlain | colon | Frontenac | Huron | Iroquois | Maisonneuve | Manhatte | massacre | massacre | Nouvelle-Angleterre | Nouvelle-Franc | Phipps | Québec | sauvage | vengeance | Winthrop | Retirer ou Proposer un mot-clé pour ce conte. Proposer un thème pour ce conte. Signaler que ce conte n'est pas dans le domaine public et est protégé par des droits d'auteurs. © Tous les contes | Hébergé par le RCQ.
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